Qui sont nos leaders? C’est une question que je me pose beaucoup en ce moment, non pas parce que je ne suis pas conscient de ce que je dois et à qui je le dois, mais parce que je prends conscience de la responsabilité qui nous incombe à tous lorsqu’il nous arrive de toucher des gens: des collègues, des rencontres lors de meetups, des échanges sur internet…

Notre héritage

J’ai souffert une perte douloureuse récemment, et j’ai beaucoup pensé à la vie, à ce que nous laissons derrière-nous tout au long de notre chemin ainsi qu’au bout de celui-ci. Ces réflexions ont toutes convergé vers la réalisation du véritable héritage dont j’ai eu le privilège de bénéficier: une culture de la bienveillance, des valeurs morales et une envie de transmettre et d’aider les autres. Ces valeurs m’animent dans ma vie de tous les jours, et me guident lorsque je m’égare. C’est cela, ce que cette personne a laissé derrière elle et qui est encore en vie en moi aujourd’hui.

Ce sont ces mêmes valeurs que mes leaders m’ont transmises au fil des années. Grâce à cela, je peux aujourd’hui les identifier sans le moindre doute, sans la moindre hésitation.

Il se trouve que ce sont ceux qui m’ont légué non pas seulement leur savoir-faire, mais également leur savoir-être lorsque je les ai croisés dans ma carrière. Ceux qui m’ont guidé tout au long du bout de chemin que nous avons fait ensemble, pour m’armer à affronter les épreuves suivantes de la vie professionnelle. Ce sont ceux qui m’ont transmis leur héritage lorsque nos parcours ont pris des directions différentes.

Héritage et personnalité propre

Finalement, ne peut-on pas identifier les leaders que nous avons rencontrés grâce à ce qu’il nous reste d’eux dans le chapitre suivant? Nous sommes la somme de nos expériences, que quelque part nos leaders nous ont apportées. Une partie d’eux perdure encore aujourd’hui dans notre vie professionnelle, peu importe à quel moment nous les avons rencontrés. Bien sûr, nous avons également notre personnalité propre, c’est évident. Et de la même manière que notre éducation est une partie importante de notre personne, notre mentorat est également une partie importante du professionnel que nous sommes devenu.

Nous devons à ces leaders cette reconnaissance de nous avoir permis de nous accomplir. Même si les moments passés ensemble n’étaient pas tous joyeux, ni agréables, il se trouve que cela nous a construit. C’est le mélange de notre personnalité et de ces expériences, qui nous a mené où nous sommes.

Notre responsabilité : passer le relai

Maintenant, nous avons changé de chapitre. Parfois même, nous sommes devenus (peut-être sans le savoir) le leader de quelqu’un. Nous avons alors désormais une grande responsabilité: celle de s’assurer de laisser derrière nous un héritage digne de celui dont nous avons nous-même bénéficié. Il ne s’agit plus de nous ou de vous, mais bien d’eux, d’elle, de lui.

En tant que leader, vous devez dépasser votre propre existence et la place que vous occupez dans l’environnement de votre collaborateur. Il vous appartient de penser à ce qui restera de la relation que vous entretenez ensemble lorsqu’il ou elle en sera à son prochain job. Qu’est-ce qui l’aidera dans sa vie professionnelle lorsque vous ne ferez plus partie de celle-ci? C’est cette question qui occupe tout mon esprit aujourd’hui, et il me semble qu’elle est fondamentale. Sa réponse peut nous garder honnête lorsque la tentation de la solution de facilité devient trop grande.

Expliquez, faites preuve de pédagogie

Parmis les solutions de facilité auxquelles je fais allusion, on retrouve la plus courante: ne pas se fatiguer à expliquer. On donne des directives, des instructions, mais on n’explique pas pourquoi. Prenez le temps de donner le contexte des décisions que vous devez prendre, partagez les raisonnements qui vous poussent dans telle ou telle direction. Ne rien expliquer est plus facile, mais alors comment auriez-vous appris vous-même si vos leaders s’étaient comportés ainsi?

Changez de mode de communication

Faites la transition d’une communication prescriptive à une communication interpersonnelle. Cela revient à s’engager progressivement dans une communication à deux sens, à apporter un support socio-émotionnel. Au lieu de dicter les stratégies et les directions à prendre, nous encourageons la prise d’initiative. Nous devenons alors une source de soutien et non plus de réponses. Nous communiquons, facilitons les interactions, écoutons activement et donnons du feedback.

Ce n’est pas à propos de vous

Il est difficile de s’effacer. Surtout lorsque nous travaillons sur un projet dans lequel nous avons mis nos tripes. Mais comme le dit souvent le sage Olivier : “It’s not about you”. Accordez leur mérite à vos employés. Refusez de vous mettre en avant s’ils ne le sont pas au moins au même niveau. Et petit à petit, effacez-vous. Laissez-les seuls récolter la rançon du succès. Ce n’est pas grave si vous n’avez pas votre quart d’heure de gloire, la satisfaction de voir un collaborateur grandir et prendre confiance peut apporter beaucoup plus qu’une salve d’applaudissements d’un groupe de responsables financiers.

Préparez votre départ

Vous n’êtes pas irremplaçable. Personne ne l’est. C’est dur, je le sais, mais c’est la réalité. En revanche, nous pouvons faire des dégâts en quittant un endroit sans s’assurer qu’un héritage ne perdure après nous. Assurez-vous que votre absence n’empêche jamais le monde de tourner, mais qu’il ne reste pas non plus dans l’obscurité. Olivier Fortier a par exemple suggéré l’entente sur un contrat social, signé avec les gens qui allaient soit le remplacer, soit reprendre son rôle. Je trouve cette idée brillante, et il y a encore beaucoup d’autres idées et astuces qui vont dans ce sens.

Et vous, que faites-vous?

Avez-vous eu la même prise de conscience? Comment êtes-vous inspirés, et comment inspirez-vous les autres? Quel héritage laisserez-vous derrière vous? Parlons-en ensemble en commentaires