Le bonheur est dans la contrefaçon

Le bonheur est dans la contrefaçon

Il y a quelques temps j’avais comme hobby l’animation d’un blog sur le design, puis le développement web, et depuis peu sur l’Internet des objets et le bricolage (mes centres d’intérêt varient beaucoup…). Mes écritures d’article se font plus rares, mais lorsque je produisais plus régulièrement, une formulation de titre revenait régulièrement : “faire *** avec ***, c’est possible”. Il y en a d’autres, mais celle-ci est la plus générique qui me revienne à l’esprit. Je ne me rendais pas compte à quel point je titrais mes articles de façon autant similaire, et je ne l’ai réalisé que récemment lorsque j’en ai vu plusieurs autres datant à peu près de la même période avoir le même format.

Là, vous en êtes à vous demander “Mais on s’en fiche, qu’est-ce qu’il raconte?” et je ne vous en veux pas tant, tellement cela parait anodin à première vue. Mais demandez-vous pourquoi j’ai utilisé un format relativement spécifique, quasiment identique à celui utilisé ailleurs, sans le savoir et alors même que je ne cherchais pas à le reproduire ?

Le mimétisme inconscient : on le fait tous

Le bonheur est dans la contrefaçon

L’explication est simple, c’est du mimétisme inconscient. C’est naturel de reproduire ce qui nous entoure. Nous associons ce phénomène tour à tour à de l’appropriation culturelle, de l’insertion sociale ou encore de l’adaptation.

De la même manière qu’aujourd’hui nous travaillons d’une certaine façon, avons des réflexes professionnels ou tout simplement des gestes de politesse automatiques, nous reproduisons sans réfléchir ce que nous avons observé chez nos parents, tuteurs, mentors, leaders.

Des sources de données

J’ai envie d’appeler ça des sources de données socio-culturelles d’influences contextuelles et environnementales. Je sais, c’est compliqué… Mais ça donne de la consistance au message que j’ai envie de faire passer ! Bon d’accord, appelons-ça des sources de données tout court.

Ce sont en fait ces informations que nous ingérons quotidiennement sans vraiment le savoir, de façon inconsciente : les réseaux sociaux, les cercles d’amis ou familiaux, le cadre et les méthodes de travail, etc… Toutes ces choses dans lesquelles nous baignons en permanence et dont, à l’image d’un cornichon dans un bocal de vinaigre, nous imprègnent de leur saveur (merci à Maurice Lefebvre pour cette histoire du pickled consultant qui ne me quitte plus).

Développons notre saveur

Le bonheur est dans la contrefaçon

D’une certain façon, pour développer sa saveur, le mieux reste encore de baigner dans plusieurs vinaigres différents. Je sais, la comparaison avec le cornichon atteint ici ses limites… alors disons-le autrement : si l’on se contente de peu de sources de données, on se prive d’opportunités de faire évoluer ce que l’on reproduit inconsciemment, et donc de se les approprier pour enrichir sa propre personnalité d’éléments nouveaux.

De fait, nous produisons encore et encore les mêmes choses. Parfois, les même erreurs. Pire : nous sommes victime d’un effet proche de l’entropie en ne nous renouvelant pas. Car en effet, selon ce principe tout ce qui n’évolue pas est voué au chaos, comme un système qui décrépi.

A l’inverse, multiplier ses sources de données augmente la variété des choses que nous allons naturellement mimiquer et absorber. Et plus elles sont variées, plus on peut avoir un regard critique sur nos actions et nos discours. Est-ce étrange ? Peut-être… Après tout, nous voulons tous nous persuader que nous avons notre propre raisonnement, notre propre réflexion.

Mais soyons honnêtes : ce que vous êtes actuellement en train de mettre en place dans votre environnement ne vient-il pas de ce que vous avez déjà lu, entendu ou observé ? Aussi bien des choses que l’on souhaite ne pas reproduire que des inspirations, nos réflexions et actions prennent leurs sources dans ce qui nous a touché à un moment ou à un autre : nous sommes la somme de nos expériences.

C’est à notre portée

Si l’on s’intéresse à notre environnement professionnel, qu’importe notre rôle nous faisons face à d’important coûts d’opportunités en n’encourageant pas la diversification de nos sources de données :

  • En tant que membre d’équipe, vous refermer sur vous-même vous prive de cette opportunité de vous imprégner d’autres pratiques, méthodes de travail, habitudes, etc.
  • En tant que manager, empêcher vos collaborateurs de parler aux clients, aux parties prenantes, bride leur créativité lorsqu’il s’agit de proposer des solutions technologiques à valeur ajoutée.
  • En tant que partie prenante, ne pas côtoyer vos utilisateurs vous empêche de prendre conscience de la réalité d’un marché qui se transforme.

D’une manière plus générale, ne pas renouveler ses connaissances par la lecture de livres ou d’articles, ne pas assister à des conférences ou des meetups, tout cela vous enferme dans une espèce de bulle de connaissance unilatérale qui n’ira jamais que dans un sens, et vous n’aurez aucun moyen de savoir si c’est le bon avant qu’il ne soit trop tard.

Ne rejetons pas le passé

Mon discours ne porte pas sur le fait de se transformer continuellement, en rejetant notre passé. Par exemple, j’entends souvent dire que les anciennes méthodes sont dépassées, et qu’elles ne valent rien. Je ne suis pas d’accord, et je refuse de les rejeter. Au contraire, comprenons que ce sont des expériences sur lesquelles on a capitalisé, et sur lesquelles on a bâti de nouvelles façons de travailler. Et des nouvelles façons de travailler, nous en avons sacrément besoin !

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Nous ingérons quotidiennement des informations sans vraiment le savoir, de façon inconsciente. Nous les intégrons à celles que nous avons déjà absorbé, pour les modifier et se les approprier. C’est de la contrefaçon, de la honteuse copie! Est-ce un problème?
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