Le gestionnaire sphinx

Le gestionnaire sphinx

Ce texte provient d’un auteur anonyme souhaitant utiliser Primos Populi comme exutoire. Je crois que ce genre de texte est excessivement important. J’ai donc décidé de créer la catégorie « Exutoire« . Si vous désirez nous envoyer un texte, contactez-nous. Nous vous demandons simplement de faire en sorte que les personnes et organisations soient également impossible à identifier.

En naviguant (sans but on va se le dire) sur Facebook, je suis tombé sur un article par hasard (c’est ça les réseaux sociaux me direz-vous) qui parlait du gestionnaire sphinx, une personnalité toxique. Terme dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Cela a évidemment piqué ma curiosité. En cliquant sur le lien, mon cœur a arrêté de battre. C’est comme si un médecin venait de se prononcer directement sur un diagnostic…

J’ai été la proie d’un gestionnaire sphinx…

Au cours des dernières années, j’ai fait des recherches ici et là pour tenter de mieux comprendre ce que j’avais vécu il y a bien longtemps. J’ai lu beaucoup sur les pervers narcissiques (oui, ça existe vraiment) et les manipulateurs. Je trouvais que cela se rapprochait énormément des caractéristiques de la personne que j’ai autrefois connue et qui était mon employeur. Mais pas tout à fait.

Un sphinx par contre… C’était ça.

Cette réalisation a eu le même impact que d’enfoncer le doigt sur une plaie qui n’est pas cicatrisée. Tu sais, l’expression mettre le doigt sur le bobo

Cela m’a fait retombé dans toute une panoplie d’émotions longtemps tapies sous la surface de l’épiderme mais toujours près du cœur. Des émotions qui surgissent lorsqu’on s’y attend le moins, en attendant une certaine citation, en voyant une photo, en entendant un nom…

J’ai pris beaucoup de temps pour me rendre compte que ce que je vivais n’étais pas normal. Non, ce n’était pas la job du gestionnaire de me questionner sur ma vie privée, et me rebalancer ces informations et ces réponses dans des moments où j’étais plus vulnérable. De se placer dans une position amicale, et de se nommer comme tel d’ailleurs, en essayant de soutirer des informations personnelles.

Ce n’est pas du courage entrepreneurial que d’agir comme cette personne le faisait, mais plutôt de la manipulation. Quand j’en ai pris conscience un jour, j’en ai parlé à mes proches et on me disait que c’était un gestionnaire, c’était normal qu’il exerce un certain contrôle sur son équipe.

Eh bien non ! Comme dans une longue thérapie, j’ai réalisé avec les années que ce n’était pas du tout normal.

Le leadership est un art

Je l’ai principalement réalisé lorsque je suis devenue moi-même gestionnaire d’un groupe. On m’avait proposé un poste de cadre même si je n’avais pas de formation en gestion. J’hésitais et on m’a expliqué que le leadership est une qualité naturelle et innée chez certaines personnes et que j’avais ce talent. Les autres aptitudes, je pourrais les apprendre. Mais apprendre à être un bon leader, c’est différent. J’ai cru ces personnes, visiblement, puisque j’ai accepté le poste. J’ai compris la notion que « le leadership est un art ».

J’ai compris aussi que ma créativité et mon ouverture d’esprit prenait beaucoup de place dans ma manière de voir le rôle de gestion. Et jusqu’ici je dois avouer que je me plais énormément dans mon nouveau travail. Et je suis loin de la perfection. Il me reste beaucoup de choses à apprendre… Mais c’est justement ce que j’aime dans mon travail d’équipe avec mes collègues : ils me voient au naturel, chaque jour. L’erreur est humaine. Je suis humaine aussi. Voilà !

Je comprends aujourd’hui ce que cela implique d’être un gestionnaire. Et ce n’était pas ça. Ce n’est pas de la manipulation. Ce n’est pas des remarques acerbes. Ce n’est pas un manque de tact flagrant dans les approches. Ce ne sont pas des commentaires et des opinions et des jugements sur des situations personnelles.

Je prends soin de mon équipe, je pose des questions car je m’intéresse réellement aux personnes avec qui je travaille, mais ce ne sont pas des questions personnelles. Je veux connaitre leurs objectifs, leurs passions, leur intérêts, leurs points de vue. Je ne veux pas savoir si elles vivent des problèmes à la maison ou si elles ont un proche qui souffre de quoi que ce
soit. Mais je reste à leur écoute s’ils ont besoin de moi et de mon empathie.

Mes collègues, que je n’appelle jamais mes employé.e.s, sont comme une famille pour moi, et on ne dit pas tout à ses parents ni à ses frères et sœurs même si on s’apprécie. Il y a une ligne à ne pas franchir.

Bref, je l’ai vécu comme un harcèlement, une certaine forme de violence psychologique. Et ce n’est pas facile à assimiler. Je l’ai vécu aussi comme une maladie passagère qui a assombrie ma vie, en laissant des nuages noirs au-dessus de ma tête, même s’il faisait beau partout ailleurs dans ma vie. Heureusement, j’avais des collègues « arc-en-ciel ». J’en ai éprouvé des malaises, des douleurs (migraines) et de la honte aussi. Beaucoup. Et d’ailleurs, je ne signerai pas cet article. Je ne peux pas. Pas encore. C’est un traumatisme dont on se remet lentement… Un long processus. Et je ne suis pas totalement guéri, il faut croire.

Mais je voulais témoigner. Si cela peut éclairer et aider d’autres personnes.
Pour moi, c’est cela la gestion, et ça rime avec collaboration… pas avec poison.

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Le gestionnaire sphinx se nourrit d'information pour augmenter son contrôle et son pouvoir. Un collaborateur anonyme raconte son histoire de harcèlement et de violence psychologique.
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